Ce qui suit est une retranscription partielle de la conférence donnée par Taketsugu Yorikane à La Maison de la Culture du Japon à Paris en 2015.
Retrouvez ici la première partie de cet article.
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J’ai dit tout à l’heure que les racines du Shiatsu se trouvaient peut être en occident. Alors est ce que ca veut dire qu’il n’y a rien de typiquement japonais dans le Shiatsu ? Et bien ma réponse est non. Le Shiatsu s’inscrit aussi dans quelquechose de très japonais qui est le Kappo des samouraïs.

Le Kappo c’est quelquechose qui comporte des gestes d’urgence, par exemple en cas de noyade, d’asphyxie par exemple si on vous a étranglé, ou d’hyperthermie – coup de chaleur – et puis le Kappo comporte des méthodes plus douces pour guérir des maladies ou bien rétablir l’équilibre du corps. Donc il s’agit de caresser, de frotter, … demain si vous venez à l’atelier nous verrons aussi des méthodes pour rééquilibre le corps en se balancant, etc…
Mais il est extrêmement difficile d’acquérir la manière d’ajuster ce qu’on appelle le kagen en japonais, c’est à dire d’ajuster les stimulis à la corpulence, aux prédispositions de chacun. Et en plus des qualités nécessaires pour le thérapeute à juger de chaque situation, tout cela, toutes ces difficultés font que le Kappo est presque en voie de disparition.

On dénombre beaucoup de techniques pour par exemple remettre les os à leur place, ou des articulations qui ont été démises … Mais ca veut dire aussi que si ces techniques existent et se sont développées c’est qu’il existe aussi des techniques pour briser les os. C’est à dire que par exemple les deux schémas en haut, à gauche, matérialisent les points qui permettent soit de tuer ou de faire perdre connaissance à l’adversaire selon leurs positions secrètes. Évidemment si vous frappez aujourd’hui quelqun sur ces points, vous ne tuerez pas votre adversaire, bien entendu. Mais ce sont des points que l’on retrouve également sur les rouleaux qui sont déroulés sur la table là bas et que vous pourrez regarder tout à l’heure.
Mais j’attire quand même votre attention: la nuque, – il y a plusieurs points sur la nuque -, la nuque est un endroit qui est extrêmement sensible donc n’essayez pas les points sur la nuque.

Et je pense que vous connaissez tous les deux grands principes de la philosophie d’Hippocrate concernant la médecine: tout d’abord ne jamais blesser le corps, respecter – deuxièmement – le pouvoir naturel du corps à guérir.
Je pense que ce sont deux principes universels valables aussi bien en occident qu’en orient.
Vous allez trouver peut être curieux que ce soit moi qui suis venu vous parler aujourd’hui de médecine traditionnelle japonaise qui vous le dise mais, mis à part le côté culturel, je trouve que opposer médecine traditionnelle japonaise et médecine occidentale n’a pas véritablement de sens. Par exemple, Andrew Taylor Still à écrit à propos de l’ostéopathie: “penser le corps comme un tout”, “fonctions et structures du corps forment un tout” et “encourager le principe d’auto-guérison”. On retrouve tout à fait ce que disait par exemple Sawada Ken (acupuncteur japonais, fondateur du Taikyoku-ryoho) . Ces trois principes correspondent tout à fait à ce que prône la médecine traditionnelle japonaise.
Robert Fulford, qui est un disciple de Still, a prétendu que l’origine l’ostéopathie se trouvait dans le Jyu-jutsu. Malheureusement je ne suis pas encore tombé sur le texte qui le dit.

Et sur cet “ne pas blesser le corps”, et bien je vais revenir justement à la thérapie par l’aiguille. Quand on parle d’aiguille vous vous imaginez tout de suite que on va percer la peau pour introduire l’aiguille, donc on blesse le corps. Mais, figurez vous que Akabane Kobei qui est né en 1895 a développé, a inventé ce qu’on appelle le Hinaishin, qui est une sorte d’aiguille qui ne blesse pas tant que ca.
Et voici donc sur la photo du milieu ce qui a été développé. C’est commercialisé par un fabriquant japonais qui s’appelle seilin et vous avez peut être déjà eu l’occasion de l’utiliser. C’est quelquechose de très petit, donc j’ai mis une pièce de un yen – c’est à dire la plus petite pièce japonaise – pour vous donner une idée de la taille de cet outil que on va coller sur la peau. Alors évidemment il y a une pointe qui va très légèrement pénétrer dans la peau mais cela ne va pas véritablement vous blesser et vous n’aurez pas la même sensation que par exemple quand vous avez une épingle.

Ici ce que vous voyez sur la photo à gauche, c’est ce que l’on appelle des Teishin c’est à dire des aiguilles qu’on ne plante pas, qui ne percent pas donc la peau, des aiguilles que l’on va utiliser pour frotter, pour caresser la peau.
Ce que vous voyez au milieu est une pierre creuse, un petit peu allongée, c’est une pierre creuse dans laquelle on placait des braises. Et ca permettait de faire des petits massages avec quelquechose de chaud.
Mais c’est une thérapie qui demande beaucoup de technique, c’est à dire que il faut de la technique pour que ce soit efficace sans planter une aiguille, sans véritablement percer. Et l’acquisition de cette technique demande évidemment beaucoup d’entrainement, et pour cela il faut du temps.
Donc je vais vous présenter Mme Takahashi, mon élève qui est là et qui a l’expérience de sanshin qui est justement une technique où on ne perce pas la peau, où on frotte, on caresse et c’est une technique extrêmement difficile. Sur l’extension de ces aiguilles qui stimulent sans percer la peau, et bien vous avez recu tout à l’heure à l’entrée deux échantillons, je pense que vous avez remarqué qu’il y en a un qui est bleu, l autre qui est orange, et ce sont des choses qui ne percent pas la peau, qui ont été inventées par le monsieur que vous avez peut être vu très brièvement qui s’appelle Hasegawa Tomoya et qui permet justement de faire ces thérapies soit même.

Et donc les petits appareils que vous avez pû voir qu’on roule sur la peau également sont inspirés de la technique du sanshin, donc un petit massage où l’on frotte, et comme la technique est difficile, évidemment le fameux Hasegawa Tomoya que vous voyez et qui est un grand inventeur qui utilise justement du plastique, a donc développé des petites machines que l’on peut rouler sur la peau, etc… pour avoir un petit peu le même effet que le sanshin.
Voici quelques caractéristiques techniques des échantillons que vous avez recu. Ce sont des espèces de pastilles – regardez – en plastique, il n’y a pas de risque que ca casse, ce ne sont pas non plus des aiguilles qui peuvent se casser dans la peau, donc c’est quelquechose d’extrêmement sûr. On n’utilise pas de métal donc pas de risque d’allergies au métal. Ensuite, les microcônes, il y en a deux sortes. Il y en a qui sont de la hauteur de 150 microns, qui sont des microcônes assez durs. L’autre, ce sont les oranges, ont des microcônes de 300 microns et qui sont plutôt souples et donc la pointe des cônes ne pénètre pas dans la peau, il y a juste du stimulus en surface. Et c’est l’ensemble de ces stimulus extrêmement faibles sur la peau qui empêche la circulation par exemple du signal de la douleur et qui peut donc vous soulager.
Retrouvez ici la troisième partie de cet article.